Texte intégral
1Bergers et bergères apparaissent dans tous les genres littéraires au Moyen Âge : poésie lyrique, théâtre, textes narratifs. En outre, des traités scientifiques et techniques s’intéressent à l’élevage des ovins et donc aussi aux personnes qui assurent la bonne marche de cette activité. Malgré cette fréquence des pâtres dans les écrits médiévaux, la journée d’étude telle que celle qui a été organisée le 18 octobre 2018 est la bienvenue, car la bibliographie est somme toute assez pauvre, ce qui peut sembler paradoxal. Bien des critiques ont consacré des études à un aspect, comme la poésie lyrique de la pastourelle, par exemple, mais tenter d’englober le monde des bergers dans une vision plus large, sans se cantonner à un auteur ou un genre littéraire, est très peu courant. L’ensemble des contributions répond à cette optique cherchant à croiser les points de vue.
Les traités agronomiques
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1 The Medieval Shepherd : Jean de Brie’s « Le Bon Berger » (1379), éd. C. W. ...
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2 Palladius, Opus agriculturae, De veterinaria medicina, De insitione, éd. R....
2Il ne semble pas malvenu de commencer par examiner les textes spécialisés, afin d’appréhender l’univers pastoral. On cite régulièrement le Bon Berger de Jean de Brie1, écrit au XIVe siècle, traité important certes, mais on laisse de ce fait souvent de côté des textes plus anciens, en français ou en latin. Ajoutons d’ailleurs que cette production médiévale se nourrit du savoir antique, notamment par l’intermédiaire de Palladius, qui serait donc à prendre en considération2.
3Il convient de mentionner les premiers écrits originaux qu’on rencontre en anglo-normand, au XIIIe siècle. Ainsi connaît-on la Housebondrie de Walter de Henley qui traite notamment de l’élevage. Ce traité eut une belle postérité, étant donné qu’il fut traduit en latin, en anglais, et fut utilisé jusqu’à la fin du XVIe siècle. Le conseil majeur est de choisir un berger qui « ne seyt pas yrrous », car sous l’effet de l’ire, par une conduite non maîtrisée, il peut faire fuir une brebis, ce qui risque d’entraîner la perte de cette dernière3. Le traité de Seneschaucee, écrit également en anglo-normand au XIIIe siècle, consacre un chapitre au berger, en insistant sur la bonne garde des brebis4. Sur ce point, le berger a une responsabilité et doit répondre de ses actes ; lui et son chien ne doivent jamais quitter le troupeau.
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5 J.-L. Gaulin « Agronomie antique et élaboration médiévale », Médiévales, n°...
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6 Le troisième chapitre donne des conseils d’horticulture pour la gourde ou c...
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7 Art. cit., p. 69.
4Enfin, dans cette production écrite médiévale, il faudrait mentionner l’existence de cinq manuscrits du traité de Palladius qui illustrent le passage de l’activité de copie des auteurs de l’Antiquité à une production propre de l’Occident. En effet, après l’ouvrage de l’agronome antique, ces manuscrits présentent un texte anonyme et sans titre qui donne des règles en matière d’agronomie. L’historien Jean-Louis Gaulin l’a édité et intitulé Préceptes cisterciens d’économie rurale, parce que tous les manuscrits, sauf un, se rattachent aux cisterciens. Ces Préceptes datent vraisemblablement de la seconde moitié du XIIe siècle et sont certainement d’origine cistercienne et champenoise. L’ensemble est très court et comprend quatre chapitres rédigés en latin5. Ce sont les deux premiers qui nous intéressent pour les bergers, car l’auteur commence par établir la quantité de drap de laine ainsi que le nombre de brebis nécessaires à l’habillement d’une communauté monastique, avant de nous proposer un petit art de bergerie6. Jean-Louis Gaulin commente ainsi : « Reflétant des préoccupations économiques et techniques concrètes, ces Préceptes ont dû être formulés comme un complément du traité antique reçu et copié à Clairvaux »7. La disposition de ces cinq manuscrits montre aussi que copier un texte ne se résume pas à une volonté de conservation du passé, le texte antique fait autorité, mais n’empêche pas l’élaboration d’un savoir nouveau ou différent, le texte ancien dialogue avec la pratique médiévale et c’est parce qu’il sert qu’il est copié. On peut ainsi, sur certains points, comparer savoir antique et pratique médiévale. Les Préceptes adaptent notamment l’élevage ovin aux conditions climatiques de la France du nord, Palladius, lui, ayant un discours conforme à l’usage méditerranéen.
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8 Ibid., p. 80, § 9, et traduction de J.-L. Gaulin, p. 81, § 9 : « Si la chal...
5En ce qui concerne plus précisément le portrait du berger, on relève à nouveau dans ce texte l’irritabilité comme trait de caractère à éviter absolument, tout comme chez les auteurs des traités anglo-normands : « Si autem magnus fervor fuerit, eant in proximis pascuis ne, si longius abierint, non possint competenter ad umbracula occurrere, ne pastores irati cum eas propter calorem ducere non valuerint eas male tractent ; […]. »8 On relève irati : que l’auteur écrive en français ou en latin, c’est bien la même base lexicale. L’ira est l’ennemi du bon berger, ce qui inversement dresse le portrait de la meilleure qualité, à savoir la maîtrise de ses réactions.
L’image positive des bergers
6Ces traités techniques ne contredisent pas la grande image du berger transmise par la Bible. Dans l’Ancien Testament, Dieu est le berger du peuple juif, il veille sur lui. Les juges et les rois sont également des bergers. Le pâtre est donc l’image du chef, de celui qui protège et conduit. La représentation est éminemment positive et passe dans le christianisme, Jésus étant un berger prêt à donner sa vie pour ses brebis. Tout guide spirituel est un berger.
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9 Bible, trad. É. Osty avec la collaboration de J. Trinquet, Paris, Seuil, 19...
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10 Ibid., Évangile selon Matthieu, 19, 30.
7Le Nouveau Testament ajoute à cette image forte un aspect paradoxal qui va imprégner les mentalités de la chrétienté. Dans l’Évangile de Luc, l’annonce faite aux bergers permet de souligner le caractère humble de ces êtres, du point de vue social, tout en les mettant au premier rang, puisque c’est à eux que les anges viennent d’abord annoncer la naissance de Jésus9. Les pâtres correspondent à une vision dynamique qui suit l’idée que les premiers seront les derniers, tandis que les plus petits seront élevés10. Plus simplement aussi, le personnage du berger est fortement lié à cette fête pleine de joie et de merveille qu’est Noël, ce qui colore l’approche des pâtres d’une aura spécifique. Le berger porte en lui le message du Christ.
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11 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque roy...
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12 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque roy...
8Les écrits scientifiques du Moyen Âge ne font pas allusion au rôle des pâtres dans le Nouveau Testament, mais ils participent malgré tout de l’imaginaire du berger en tant que gardien par excellence dont la vigilance est constamment requise. Bien plus, ils ajoutent encore une autre touche au caractère positif de cette image. Le pâtre est certes loin du clerc et de sa science, néanmoins il n’est pas perçu comme un être ignorant et méprisable. En effet, sa capacité de protection est liée à un savoir, comme en témoigne Pietro de’ Crescenzi, auteur d’un traité d’agriculture du début du XIVe siècle, le Liber ruralium commodorum. Cet ouvrage, composé de douze livres, a connu un immense succès à travers l’Europe et le roi de France Charles V en a commandé une traduction en français en 1373. Dans le texte en moyen français, on trouve deux fois l’adjectif sage dans les chapitres du livre IX consacrés à l’élevage des moutons. Le « sage pastour » sait comment nourrir les bêtes selon les moments de l’année11 et surtout, à propos de leurs maladies, l’auteur arrête son développement en disant qu’il existe bien d’autres sortes de maux et qu’il s’en remet aux « sages bergiers » qui les connaissent et savent les guérir12. Le qualificatif est bien sûr à entendre au sens premier manifestant clairement que le pâtre possède un véritable savoir, qui ne relève pas seulement de la médecine vétérinaire.
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13 Calendrier des bergers, éd. M. Engammare, Paris, PUF / Cologny, Fondation ...
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14 On peut en consulter un exemplaire numérisé dans Gallica (bibliothèque num...
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15 La Danse macabre, Paris, Guy Marchant, 28 septembre 1485 [édition princeps...
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16 La Danse macabre des femmes, Paris, Guy Marchant, 20 janvier 1490 (en anci...
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17 P.-J. Luccioni et Ph. Walter, Usi sacri è prufani. Rites et croyances, Aja...
9C’est ainsi qu’un texte touchant au calendrier, à l’astronomie et à la médecine se présente en mettant en avant les bergers dans son titre. Il s’agit du Compost et Kalendrier des bergiers13, intitulé dans lequel le nom berger peut être pris au sens large de « gens simples, travailleurs ruraux loin des grands seigneurs », néanmoins la référence est là, le succès aussi d’ailleurs, ce qui explique peut-être l’idée d’imprimer également un Calendrier des bergères14. En effet, Guy Marchant fournit l’édition princeps du Calendrier des bergers en 1491 et le pendant féminin suivra en 1499, ce qui correspond déjà à sa démarche d’éditeur pour la Danse macabre, autre succès de librairie, qu’il édita d’abord en 148515, proposant ensuite une Danse macabre des femmes en 149116. Les pâtres sont notamment des observateurs du ciel, ils connaissent les étoiles ; ils ont également une bonne capacité à évaluer le temps qu’il fait et qu’il va faire, ce qui est bien sûr primordial pour leur activité. Il nous reste des témoignages actuels d’une transmission orale de connaissances, rites et croyances : un journaliste corse s’est soucié de recueillir la parole des bergers contemporains en demandant à Philippe Walter de la mettre en perspective par un commentaire qui la situe dans l’histoire, les mythes et l’imaginaire17.
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18 Dictionnaire du Moyen Français (DMF), responsable scientifique R. Martin, ...
10On pourrait donc explorer le savoir des bergers, approche qui s’oppose à une vision d’êtres frustes, ce que la langue médiévale a aussi enregistré, car on dit faire le berger pour « faire l’imbécile » ou faire quelqu’un berger, au sens de « se moquer de quelqu’un »18. On comprend ainsi que le personnage est ambivalent et que les textes mettront en avant l’une ou l’autre de ces facettes.
Agressions et rivalités
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19 Adam de la Halle, Le Jeu de Robin et Marion, dans Adam de la Halle, Œuvres...
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20 Boccace, Les Nymphes de Fiesole, texte établi par A. Balduino, introductio...
11À lire les diverses contributions rassemblées, on a de quoi s’étonner et une autre forme d’ambivalence surgit. En effet, en pensant aux bergers, les images bucoliques nous viennent à l’esprit et l’on imagine des personnages qui, au fond, n’ont pas grand-chose à faire et passent leur temps à se distraire en plein air, au calme, dans une atmosphère paisible. Or, l’article de Denis Hüe évoque Abel, mais à peine a-t-on prononcé ce nom qu’on pense à Caïn, autrement dit, au meurtre. Quant à l’étude sur les pastourelles, le titre lance le mot « violence ». On sait bien que les pastourelles recensent quantité de viols. Un autre intitulé annonce des « pugilats ». Il est également question du Jeu de Robin et Marion, où les tensions sont présentes, notamment entre le berger et le chevalier19. Enfin, chez Boccace, le berger Africo se suicide20. Que de querelles et que de sang !
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21 Jean de Brie signale, au 1er chapitre, qu’il défend ses agneaux « contre l...
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22 Voir par exemple le graduel de Fontevraud, Paris, vers 1250-1260, Limoges,...
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23 TLFi : Trésor de la Langue Française informatisé, http://www.atilf.fr/tlfi...
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24 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque roy...
12Pourtant, la lutte était déjà inscrite potentiellement dans la condition de pâtre et explicitée dans les traités techniques et scientifiques, car les auteurs reviennent régulièrement sur la nécessité de défendre le troupeau des attaques d’autres animaux ou des voleurs21. Le berger peut donc avoir à répondre à toutes sortes d’agressions. N’oublions pas qu’il a comme attribut la crosse ou la houlette, outils qui, dans l’urgence, peuvent se transformer en arme, car un bâton reste un bâton. La crosse, bâton recourbé qui permet d’attraper les bêtes, se rencontre dans l’iconographie au XIIIe siècle22. Dès la fin du XIIIe siècle, des textes évoquent la houlette ; ce dernier substantif est attesté au vers 24 du Jeu de Robin et Marion, datant de 1285 à peu près23. Dans le livre IX du Liber ruralium commodorum, traduit en moyen français sous le titre de Livre des prouffitz champestres et ruraux, Pietro de’ Crescenzi recommande même aux pâtres d’avoir des frondes24. On ne peut s’empêcher de songer à l’épisode biblique de David, un berger qui deviendra roi et qui tue Goliath avec une fronde.
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25 Bible, op. cit., Genèse, 4, 1-16.
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26 Th. Römer, Dieu obscur : le sexe, la cruauté et la violence dans l’Ancien ...
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27 R. Girard, La Violence et le Sacré, Paris, Grasset, 1972 ; id., Des choses...
13Toutefois, les diverses contributions rassemblées ne signalent pas seulement l’âpreté du métier incluant le risque physique d’avoir à faire fuir un loup ou des voleurs, voire même le danger de la profession impliquant d’avoir à faire face à un violeur, autrement dit d’avoir à répondre à une attaque ; il est tout autant question de rivalités. En effet, les traités spécialisés envisagent l’agression, mais le monde des bergers nous invite aussi à réfléchir à la violence comprise comme révélateur d’antagonismes. L’épisode concernant Abel est l’histoire d’un pâtre tué par Caïn, son frère cultivateur, parce que Dieu préfère les offrandes d’Abel aux siennes et qu’il en conçoit de l’envie25. Ce passage de la Bible a été commenté en renvoyant au contexte de conflit entre les agriculteurs sédentaires et les éleveurs nomades ; chez les Hébreux, le nomadisme est valorisé. D’autres commentaires mettent au centre la notion d’inégalité arbitraire, car dans la Bible, aucune explication n’est fournie à la préférence de Dieu pour les sacrifices offerts par Abel ; ce récit est alors glosé comme participant d’un mythe qui expliquerait l’origine de la violence26. La question est complexe et ce n’est pas le lieu de cette introduction d’apporter les réponses, nous nous contentons de soumettre cette réflexion à la sagacité des lecteurs. La pensée de René Girard27 sur ce sujet est controversée, mais elle peut sans doute nous fournir, ainsi que sa controverse, des pistes d’investigation. En tout cas, le berger n’est pas toujours la victime de la violence, il peut également en être l’auteur, nous restons dans l’ambivalence du personnage déjà perçue du point de vue de son savoir reconnu ou ignoré.
Le berger idéalisé ou méprisé
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28 Louis de Beauvau, Pas de la Bergiere, éd. Th. de Quatrebarbes dans Œuvres ...
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29 René d’Anjou, Regnault et Janneton, éd. et trad. G. Roussineau, Genève Dro...
14Inculte ou détenteur d’une science, victime ou auteur de violences, l’ambivalence systématique se construit encore à travers le regard des autres, entre idéalisation et mépris. En effet, si l’on excepte les traités scientifiques, qui ont une approche plutôt neutre, les textes littéraires laissent souvent transparaître un point de vue sur les bergers. Rien n’est simple, car l’univers courtois n’est pas forcément méprisant. La fin du Moyen Âge connaît même son petit lot de princes qui aiment jouer aux bergers, phénomène de société qui nous a laissé des témoignages écrits. Le monde bucolique sert de décor festif, il suffit de rappeler le Pas d’armes de la Bergère qu’organisa le roi René à Tarascon en 1449, les nobles étant déguisés en pâtres ; Louis de Beauvau, sénéchal d’Anjou, s’est chargé d’immortaliser la fête sous forme poétique28. Dans cette ambiance bucolique autour de René d’Anjou, il faut encore citer le poème Regnault et Janneton, du nom d’un berger et d’une bergère29.
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30 Christine de Pizan, Œuvres poétiques, éd. M. Roy, Paris, Firmin Didot, col...
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31 J. Blanchard, La Pastorale en France aux XIVe et XVe siècles, Paris, Honor...
15Les rapports entre la pastoure et le chevalier sont complexes, car la première n’est pas toujours la dominée. Certaines pièces lyriques chantent la fin de non-recevoir que la bergère donne au prince, posant ainsi la question de la perception du grand seigneur qui n’a pas droit sur tout et qui ne réussit pas toujours ce qu’il entreprend. Dans le Dit de la Pastoure de Christine de Pizan30, une bergère va souffrir en s’encourtoisant, pour reprendre l’expression de Joël Blanchard qui évoque une pastoure « encourtoisée »31, car elle va aimer un chevalier, qui, finalement, se désintéressera d’elle. Le poème narratif nous suggère, outre les tourments de l’amour, la nécessité de rester dans sa condition sociale, ce que la pastoure a oublié en jouant un jeu dangereux. Les princes peuvent jouer aux bergers, mais il ne vaut mieux pas que les bergères se prennent pour des dames.
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32 François Villon, Lais, Testament, Poésies diverses, éd. et trad. J.-C. Müh...
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33 Voir F. Vigneron, Les Saisons dans la poésie française des XIVe et XVe siè...
16Enfin, dans ces jeux de regard, loin de l’envie de rejoindre l’autre, on trouve le mépris pour le pâtre et le refus d’avoir tout point commun avec le monde bucolique. Un auteur emblématique de ce point de vue serait François Villon. On pourrait reprendre des analyses de la « Ballade des Contredits de Franc Gontier », poème dans lequel on perçoit notamment le dédain vis-à-vis des bergers32. Ce texte refuse une écriture du printemps bucolique et l’idéologie de l’idéalisation de la vie rustique qui l’accompagne. Le poète se situe nettement dans un imaginaire urbain, plus particulièrement parisien. Non seulement le monde habituel de François Villon est la ville, mais encore il se positionne comme nettement anti-bucolique, marquant explicitement son refus d’une certaine écriture, d’une thématique et de la vision idéalisée qui l’accompagne33. On pourrait se demander si cette façon de prendre position en tant qu’auteur n’a pas laissé des traces au fil des siècles. Sur un mode assez plaisant, on pourrait citer un extrait d’une des dernières chansons de Jacques Brel, Les moutons, datant de 1967 : « Désolé, bergère,/ J’aime pas les bergers ». Or, en 1964, Jacques Brel est aussi celui qui chante la chanson Les bergers, qui, elle, reprend la notion de guide, la fête de Noël et d’autres éléments contribuant à la grande image positive des bergers. Ambivalence donc, entre dénigrer et encenser.
La question des genres littéraires
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34 Virgile, Bucoliques, éd. et trad. E. de. Saint-Denis, introduction et note...
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35 E. R. Curtius, La Littérature européenne et le Moyen Age latin, Paris, PUF...
17Les articles proposés nous font passer par plusieurs genres littéraires. Or, à ce niveau aussi, nous pouvons continuer à décliner l’ambivalence ou l’ambiguïté. Ambivalence d’abord dans la question de l’héritage des textes médiévaux vis-à-vis de la littérature latine classique. Finalement, y a-t-il une filiation ou non ? Virgile fournit un schéma aux théoriciens du Moyen Âge pour penser la littérature selon trois modèles, en suivant les trois œuvres du poète latin que sont les Bucoliques, les Géorgiques et l’Énéide34. Le premier poème sert à définir un style simple et une thématique, en entrant dans toutes sortes de considérations précises quant à l’écriture35. Les chercheurs actuels rappellent toujours ce fait, mais on n’a pas encore totalement exploré la question.
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36 F. Vigneron, Les Saisons dans la poésie française des XIVe et XVe siècles,...
18Ambiguïté ensuite, parce qu’on peut se demander si les genres littéraires à l’œuvre au Moyen Âge ont des liens entre eux. Les bergeries du théâtre et les pastourelles lyriques emploient des personnages de bergers, mais à part cela, y a-t-il des permanences transcendant les différents types d’œuvres ? La question est déjà complexe, mais c’est sans compter que la critique met parfois du côté de la pastorale des œuvres que l’auteur lui-même ne présente pas comme telles, on ajoute ainsi une difficulté. Dans cette optique, nous avons eu l’occasion d’analyser le Dit de la pastoure de Christine de Pizan pour montrer la complexité de la notion de genre littéraire. En effet, des publications ont étudié ce poème narratif comme pastorale, mais nous avions fait remarquer que Christine de Pizan, elle, annonçait un dit, certes un dit dont l’héroïne est une bergère, mais tout de même un dit. De fait, notre travail avait alors consisté à interroger surtout le genre littéraire du dit, qui, par son aspect protéiforme, peut accueillir toutes sortes de contaminations, comme cette coloration bucolique que la poétesse met en place dans son texte36.
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37 J. Blanchard, op. cit.; P. J. Alpers, What is Pastoral?, Chicago/London, T...
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38 E. Faral, Les Arts poétiques du XIIe et du XIIIe siècle, op. cit., Jacques...
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39 Les Arts poétiques du XIIIe au XVIIe siècle : tensions et dialogue entre t...
19Enfin, le grand mot sur lequel on pourrait revenir, malgré les divers travaux déjà publiés37, est le terme de pastorale. On dépasse alors la période médiévale, puisque cette notion s’emploie pour l’époque classique qui affectionne le roman pastoral. Là encore, rien n’est simple. Les noms des genres littéraires peuvent poser la question de l’anachronisme, ce qui complique la tâche. Les écrivains s’expriment parfois sur leur œuvre dans un prologue, mais alors les catégories se dessinent sans avoir toujours la netteté d’un traité. Par ailleurs, le Moyen Âge a laissé des arts poétiques38, il n’est pas sans théorie littéraire, mais l’articulation entre ces derniers et les œuvres peut s’avérer délicate39. En ce sens les recherches en stylistique médiévale qui se développent actuellement sont susceptibles d’apporter un éclairage intéressant.
20Le monde des bergers s’avère donc protéiforme et c’est en confrontant la diversité des textes qu’on peut en prendre la mesure. Les genres littéraires s’entrecroisent et l’état actuel de la recherche n’apporte pas encore de réponse claire sur les rapports qu’ils entretiennent ni sur ce qui pourrait les relier ou non aux œuvres antiques. Le discours touchant aux pâtres apparaît comme profondément ambivalent : ils sont méprisés ou idéalisés, violents ou vivant paisiblement au milieu de leurs bêtes, ignorants ou détenteurs d’un véritable savoir. Néanmoins la culture chrétienne et les traités agronomiques font pencher la balance du côté positif, à cause de la grande image du guide et du protecteur.
21Pour prolonger l’étude, on gagnerait sans doute à travailler en interdisciplinarité. Nombreuses sont les disciplines à s’intéresser aux pâtres, à commencer par les historiens qui étudient les techniques d’élevage anciennes et croisent donc les hommes chargés de cette activité. En outre, il serait certainement profitable de penser le sujet sur la durée, en dépassant largement l’époque médiévale, afin de poursuivre l’exploration jusqu’à l’orée du XIXe siècle, explorant ainsi une grande période où les techniques restent à peu près semblables, un « long Moyen Âge », pour reprendre l’expression de Jacques Le Goff.
Notes
1 The Medieval Shepherd : Jean de Brie’s « Le Bon Berger » (1379), éd. C. W. Carroll, L. H. Wilson, Tempe, Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies, 2012. Sur ce traité, voir M. Wilmart, « L’homme face à la mort de l’animal. Pratiques, savoirs et croyances des bergers du XIVe siècle d’après le traité de Jean de Brie (1379) », p. 137-153 dans La Mort écrite. Rites et rhétoriques du trépas au Moyen Âge, dir. E. Doudet, Paris, PUPS, 2005.
2 Palladius, Opus agriculturae, De veterinaria medicina, De insitione, éd. R. H. Rodgers, Leipzig, B. G. Teubner, 1975.
3 Walter of Henley’s Husbandry, together with Anonymous Husbandry, Seneschaucie and Robert Grosseteste’s Rules, éd. E. Lamond, Londres, 1890, p. 28.
4 Ibid., p. 114.
5 J.-L. Gaulin « Agronomie antique et élaboration médiévale », Médiévales, n° 26, printemps 1994, p. 59-84, édition du texte en annexe.
6 Le troisième chapitre donne des conseils d’horticulture pour la gourde ou calebasse, appelée aussi cougourde (cugurta). Enfin le quatrième chapitre établit la ration d’avoine annuelle pour un cheval de trait.
7 Art. cit., p. 69.
8 Ibid., p. 80, § 9, et traduction de J.-L. Gaulin, p. 81, § 9 : « Si la chaleur est très grande, qu’elles [les brebis] aillent dans les pâturages les plus proches de peur que, si elles s’en vont trop loin, elles ne puissent gagner les ombrages au moment voulu et que les bergers, irrités parce qu’impuissants à les conduire à cause de la chaleur, ne les traitent mal. »
9 Bible, trad. É. Osty avec la collaboration de J. Trinquet, Paris, Seuil, 1983, Évangile selon Luc, 2, 8-20.
10 Ibid., Évangile selon Matthieu, 19, 30.
11 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrits, 10227, fol. 234.
12 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrits, 10227, fol. 235v.
13 Calendrier des bergers, éd. M. Engammare, Paris, PUF / Cologny, Fondation Bodmer, 2008.
14 On peut en consulter un exemplaire numérisé dans Gallica (bibliothèque numérique de la BnF) : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k111257p/f2.image.
15 La Danse macabre, Paris, Guy Marchant, 28 septembre 1485 [édition princeps, un exemplaire conservé à la Bibliothèque municipale de Grenoble, numérisé et disponible en ligne : http://pagella.bm-grenoble.fr/BMG.html?id=Bmg-0002414].
16 La Danse macabre des femmes, Paris, Guy Marchant, 20 janvier 1490 (en ancien style, donc 1491 n. st.) [édition princeps, plusieurs exemplaires numérisés dans Gallica, bibliothèque numérique de la BnF].
17 P.-J. Luccioni et Ph. Walter, Usi sacri è prufani. Rites et croyances, Ajaccio, Éditions Alain Piazzola, 2016 (Pastori di Corsica).
18 Dictionnaire du Moyen Français (DMF), responsable scientifique R. Martin, direction S. Bazin-Tacchella, ATILF-CNRS et Université de Lorraine, site : http://www.atilf.fr/dmf, article « berger ».
19 Adam de la Halle, Le Jeu de Robin et Marion, dans Adam de la Halle, Œuvres complètes, éd. et trad. P.-Y. Badel, Paris, Librairie générale française, 1995.
20 Boccace, Les Nymphes de Fiesole, texte établi par A. Balduino, introduction, notes et trad. P. Mula, Paris, Les Belles Lettres, 2012.
21 Jean de Brie signale, au 1er chapitre, qu’il défend ses agneaux « contre les loups et autres bêtes malfaisantes » (Jean de Brie, Le Bon Berger. Le vrai règlement et gouvernement des bergers et bergères, trad. M. Clévenot, Paris, Stock, 1979, p. 23). Pietro de’ Crescenzi indique que les bergers doivent avoir une bonne condition physique, car « il n’ont pas seulement a suivre les bestes mais les garder des mauvaises bestes et de pillars » (Pietro de’ Crescenzi, Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrits, 10227, fol. 239v).
22 Voir par exemple le graduel de Fontevraud, Paris, vers 1250-1260, Limoges, BM, ms. 2, fol. 19v, reproduit dans Le Moyen Âge en lumière, dir. J. Dalarun, Paris, Fayard, 2002, p. 161.
23 TLFi : Trésor de la Langue Française informatisé, http://www.atilf.fr/tlfi, ATILF - CNRS & Université de Lorraine, article « houlette ».
24 Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrits, 10227, fol. 239v.
25 Bible, op. cit., Genèse, 4, 1-16.
26 Th. Römer, Dieu obscur : le sexe, la cruauté et la violence dans l’Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, 2009, p. 97.
27 R. Girard, La Violence et le Sacré, Paris, Grasset, 1972 ; id., Des choses cachées depuis la fondation du monde, Paris, Grasset, 1978 ; R. Pommier, René Girard : un allumé qui se prend pour un phare, Paris, Kimé, 2010. R. Girard, Sanglantes origines. Entretiens avec W. Burkert, R. Rosaldo et J. Z. Smith, Paris, Flammarion, 2011. M. Halbertal, On Sacrifice, Princeton/Oxford, Princeton University Press, 2012.
28 Louis de Beauvau, Pas de la Bergiere, éd. Th. de Quatrebarbes dans Œuvres choisies du roi René, Paris, Picard, 1849, vol. 2, p. 49-96.
29 René d’Anjou, Regnault et Janneton, éd. et trad. G. Roussineau, Genève Droz, 2012.
30 Christine de Pizan, Œuvres poétiques, éd. M. Roy, Paris, Firmin Didot, coll. Société des anciens textes français, 1886-1896, 3 vol. , vol. 2, Le Dit de la Pastoure.
31 J. Blanchard, La Pastorale en France aux XIVe et XVe siècles, Paris, Honoré Champion, 1983, p. 102.
32 François Villon, Lais, Testament, Poésies diverses, éd. et trad. J.-C. Mühlethaler, avec Ballades en jargon, éd. et trad. É. Hicks, Paris, Honoré Champion, 2004, p. 168-170.
33 Voir F. Vigneron, Les Saisons dans la poésie française des XIVe et XVe siècles, Paris, Honoré Champion, 2002, « Hiver et réflexion littéraire », p. 518-524.
34 Virgile, Bucoliques, éd. et trad. E. de. Saint-Denis, introduction et notes J.-P. Néraudau, Paris, Les Belles Lettres, 1997 ; id., Géorgiques, éd. et trad. E. de. Saint-Denis, introduction, notes et postface J. Pigeaud, Paris, Les Belles Lettres, 1998 ; id., Énéide, éd. J. Perret, introduction, traduction et notes P. Veyne, Paris, Les Belles Lettres, 2013, 2 vol.
35 E. R. Curtius, La Littérature européenne et le Moyen Age latin, Paris, PUF, 1991 ; E. Faral, Les Arts poétiques du XIIe et du XIIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 1924 ; H.-R. Jauss, « Littérature médiévale et théorie des genres », Poétique, n° 1, 1970, p. 79-101 ; E. De Bruyne, Études d’esthétique médiévale, Paris, Albin Michel, 1998, 2 vol. ; Jacques Legrand, Archiloge Sophie, p. 1-284 dans Jacques Legrand, Archiloge Sophie, Livre de bonnes meurs, éd. E. Beltran, Paris, Honoré Champion, 1986 ; Danièle James-Raoul, « La Théorie des trois styles dans les arts poétiques médiolatins des XIIe et XIIIe siècles », p. 17-26 dans Effets de style au Moyen Âge, dir. Ch. Connochie-Bourgne et S. Douchet, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2012.
36 F. Vigneron, Les Saisons dans la poésie française des XIVe et XVe siècles, op. cit., « Saisons et genres littéraires », p. 480-492.
37 J. Blanchard, op. cit.; P. J. Alpers, What is Pastoral?, Chicago/London, The University of Chicago Press, 1996.
38 E. Faral, Les Arts poétiques du XIIe et du XIIIe siècle, op. cit., Jacques Legrand, Archiloge Sophie, op. cit.
39 Les Arts poétiques du XIIIe au XVIIe siècle : tensions et dialogue entre théorie et pratique, dir. G. Ems et M. Minet, Turnhout, Brepols, 2017 ; D. Boutet, Poétiques médiévales de l’entre-deux ou le désir d’ambiguïté, Paris, Honoré Champion, 2017.
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Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Fleur Vigneron
Université Grenoble Alpes – Litt&Arts UMR 5316 (composante ISA)